Livre du jour : Adelaida García Morales : Logique des vampires
L’original de l’idiome: castellano
Année de parution: 1990
Évaluation: Recommandé
Une femme (que l’on apprend assez clairement à la fin) s’appelle Elvire) reçoit une lettre annonçant le décès de son frère. Il a ensuite quitté Madrid pour Séville, où vivait le défunt, et a contacté son cercle d’amis pour savoir ce qui s’était passé. On s’y retrouve ensemble Maraparfois un amant du défunt, avec Paulun ami dont la relation n’est pas claire si elle est toujours valable et certaine Alphonse, apparemment une amitié ultérieure qui a un fort effet sur tout le monde autour de lui. Il n’est pas tout à fait clair si le décès est réellement survenu ou s’il s’agit d’un malentendu ou d’un soupçon exagéré. Notre personnage principal tente d’obtenir des informations de ce cercle, porteur à peine de méfiance et d’insécurité, incapable d’échapper à une certaine culpabilité (pourquoi il n’a pas entretenu une relation plus étroite, comment il aurait pu aider) et est pris dans l’atmosphère étrange qui semble dominer le groupe.
Mais ceci, bien que cela puisse paraître, n’est pas du tout un thriller, il n’y a presque pas d’action, pas d’enquêtes et pas de découvertes très surprenantes, c’est plutôt un atterrissage dans un monde d’apparence tout à fait normale, à travers lequel quelque chose d’indéterminé, de dissonant , ça sonne néanmoins. , circule à ce pour quoi la femme ne trouve pas d’explication. Il peut s’agir de petits détails, de moments perturbants que vous ne savez pas interpréter ou que vous pourriez mal comprendre à cause de la tristesse et de l’anxiété.
On voit que le critique s’efforce de ne pas donner plus d’informations qui pourraient provoquer des spoilers, c’est une histoire relativement courte dans laquelle tout commentaire supplémentaire peut gâcher la lecture, du moins c’est ce que je vois. Car ce qui compte vraiment, c’est l’environnement que l’on sait (ou supposons) avoir quelque chose de malsain, où les personnages ne sont jamais complètement définis, qui proposent des profils qui semblent contradictoires et évoluent constamment selon des paramètres remis en question. Pas seulement les principaux que j’ai mentionnés au début, non plus Thérèseune femme mystérieuse et un peu dure Alphonse, ou la jeune fille accueillie chez elle qui joue terriblement du piano. Ils apparaissent comme des personnalités creuses, au déséquilibre qui surprend toujours le lecteur, extrêmement bien dessinées dans leurs inégalités, comme un portrait flou.
D’une certaine manière, il y a une lutte entre l’auteur et le lecteur. Ce dernier, déconcerté et tendu, aspire à ce que quelque chose de décisif se produise, il lui faut un rebondissement, un coup qui accélère le récit et le sorte de son mal-être, pour le meilleur ou pour le pire. Mais García Morales n’en joue pas, il continue de remuer le bouillon de l’indétermination et nous rend un peu plus désespérés, au point qu’on peut critiquer un certain manque de courage, le courage de déverser l’histoire dans un lieu précis. Je ne sais pas si cette errance d’une pièce à l’autre, tout ce qui a déjà été vu, est un effet destiné à faire participer le lecteur à l’angoisse, mais c’est l’effet qu’on obtient. Il faut pouvoir profiter de ces humeurs bizarres, profiter des doutes et même se sentir un peu mal face au manque de certitudes ou à la peur de ne jamais les avoir. Car c’est ainsi que l’auteur veut nous raconter, et ce sont bien ces sensations qu’il veut nous faire ressentir, et pas d’autres.