Livre du jour : Raimon Casellas : Canyons sauvages
Langue originale: catalan
Titre original: Trous sauvages
Année de publication (série): 1899
Année de publication (complète): en 1901
Évaluation: Bien
Raimon Casellas (1855-1910) était critique d’art, journaliste et narrateur. Trous sauvagesson unique roman, est le premier à appliquer les prescriptions esthétiques du modernisme catalan.
Suivez les traces du Père Llàtzer, prêtre envoyé par les autorités catholiques dans l’église de la région de Figueró et Montmany. Son péché : « vouloir faire revivre le sage des siècles morts, (…) fouiller dans la tombe de ses livres, (…) dire que la vérité du monde est à l’intérieur, (…) vouloir faire un saint du hert » (p. 159).
Llàtzer, un homme idéaliste, tente de racheter les habitants, des gens pauvres et silencieux, abrutis par leur misère. Cependant, l’atmosphère claustrophobe de son nouvel environnement, l’hostilité de la congrégation et l’arrivée de la prostituée La Rodasoques conduisent à une crise des valeurs religieuses et même à une issue fatale.
Un classique catalan par excellence, même traduit en espagnol et en anglais, Trous sauvages Dans l’ensemble, c’est une lecture délicieuse, surtout pour ceux que cela intéresse. Cependant, il présente un certain nombre d’inconvénients, car il a été initialement publié en plusieurs épisodes, parce que c’était la première (et, je m’en souviens, la dernière) incursion de Casellas dans un long récit, et parce que l’esthétique moderniste est désormais complètement dépassée.
Listons brièvement les défauts mentionnés ci-dessus :
- Sa prose est lente, épaisse et trop descriptive.
- Son intrigue est aussi linéaire que ses conflits, surtout selon les normes actuelles, schématiques. La lutte manichéenne entre le bien et le mal, l’individu et la multitude, ou l’homme et la nature, est souvent explorée aujourd’hui dans une grisaille plus large.
- Les personnages représentés font preuve d’un certain manichéisme et agissent de manière exagérée (par exemple, le Père Llàtzer fait des discours).
- Le tout semble répétitif. Je comprends que Casellas souhaite que ses idées s’imprègnent et que le récit de l’époque était plus catégorique qu’il ne l’est aujourd’hui. Cependant, revenir sans cesse aux mêmes événements ou réflexions submerge le lecteur et fait perdre de leur efficacité même aux passages les plus puissants.
- Il y a des épisodes qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue, malgré l’orientation trompeuse que leur donnent certains chapitres qui leur sont entièrement consacrés. Cela se produit avec le passé des serviteurs du recteur, la chute du troupeau de porcs de l’Ensulcida et, surtout, l’introduction de l’Aleix de les Tòfones.
- Les personnages mentionnés ci-dessus sont assez redondants et dans certains cas même contre-productifs. En fait, L’Aleix disparaît après le premier chapitre et ne réapparaît que près du point culminant, où il apparaît de manière aléatoire. Était-il nécessaire d’incarner la brutalité de votre peuple ? Je comprends que Rodasoques, une prostituée qui arrive dans le quartier et qui est capable d’influencer les locaux, se démarque ; Cependant, ce qui me dérange, c’est le fait que l’Aleix se démarque de la masse que Casellas tente de présenter comme homogène.
En revanche, les vertus que j’y ai trouvées Trous sauvages ils seraient:
- Du point de vue de la littérature moderniste catalane, il s’agit d’un document inestimable, car il peut être considéré comme une œuvre fondatrice.
- Malgré une écriture complètement datée et une répétition décourageante, il peut être lu d’une seule traite si l’on prend le coup.
- Bien qu’il utilise un lexique complètement dépassé (« cabòria », « bosquerols », « rònega », « pollancre », « bagassa », etc.), il est facile à comprendre grâce au contexte fourni, en plus des diverses onomatopées et organes fonciers. selon les prières.
- Sa symbolique est assez claire. La nature sert de toile de fond tout en illustrant les différents thèmes du roman. D’un autre côté, La Rodasoques est présentée à juste titre comme une menace pour le salut spirituel de la congrégation de Llàtzer.
- La plasticité de ses images est étonnante. Par exemple, j’aime ceux utilisés pour représenter des paysages, des atmosphères ou des phénomènes météorologiques. Bien que mes favoris se limitent à la description des couleurs en raison de leur créativité et de leur précision. J’en cite quelques-uns : « La poussière, l’humidité, la terre qui recouvrait tout, donnaient aux tableaux et aux trophées la décoloration et la teinte hideuse des choses enterrées… Les piliers tordus, faits de raisins, et les têtes d’anges. , autrefois tout en or, montrait maintenant du pain moisi, comme s’il souffrait d’une vilaine maladie. (p. 46) / « Presque tous portaient des vêtements en lambeaux, faits d’un tissu de velours obscur, sombres, mais décolorés par le frottement des débris et des sabots, donc… comme d’une teinte douteuse, qui était autrefois noire et puis s’est transformé en aile de mouche et aurait pris la couleur d’un chien en s’enfuyant… » (p. 52)
En bref : à découvrir Trous sauvages Comme œuvre fondatrice du modernisme catalan. Ce n’est certainement pas le classique le mieux vieilli, mais ce n’est pas non plus pénible à regarder. Je pense que j’aurais apprécié cela même étant jeune s’il avait été obligatoire de le lire en cours de langue et de littérature.
Oh, sachez que l’édition Lapislàtzul que j’ai goûtée a une superbe illustration de couverture. Même si je suis surpris qu’il présente l’Aleix, un personnage qui, comme je l’ai déjà mentionné, me semble plutôt inutilisable.