Livre du jour : Barbara Molinard : Zozobra

Livre du jour Barbara Molinard Zozobra

Expression originale : Français

Titre original: Un

Traduction: Vanesa García Cazorla

Année de publication: en 1969

Évaluation: Entre recommandé et correct

Barbara Molinard a détruit presque tout ce qu’elle écrivait. Son amie Marguerite Duras l’explique ainsi dans la préface Anxiétéla seule anthologie publiée par l’auteur.
Vol., édité en espagnol Sixième étage, se compose de douze morceaux, d’un ensemble de micro-histoires et d’une interview que Duras mène avec Molinardi. Il contient également des reproductions monochromes de certaines peintures abstraites de Molinardi, que j’ai trouvées plutôt boiteuses.

Les douze histoires de Molinardi compilées ici sont bien plus intéressantes que ces peintures. Écrits dans une prose fonctionnelle mais quelque peu plate, ils réussissent à créer un microcosme subjectif plein d’angoisse, de chagrin et de désespoir, entrecoupé de symbolismes divers, ombragé par un ton onirique et guidé par la logique du rêve.

D’une manière générale, les histoires de Molinardi peuvent être divisées en deux catégories, même si les deux se chevauchent parfois (comme c’est le cas dans « Taxi »).

Dans la première catégorie, le portrait psychologique du personnage féminin prédomine ; comme « Avion de Santa Rosa », « The Drill » ou « Happiness ». Parmi ceux-ci, mon préféré est « The Cage », dont le registre généralement réaliste est brusquement interrompu par un élément fatal, presque surnaturel ; raconte l’histoire d’une jeune femme dont le bonheur est éclipsé lorsqu’elle trouve enfin l’amour à cause d’une sombre vision d’un boa.

Dans la deuxième catégorie, nous trouvons des histoires métaphoriques avec un attrait clairement abstrait. Même si le message qu’ils véhiculent est pour le moins faible, ils sont très suggestifs. Dans ceux-ci, le protagoniste masculin erre dans un espace vague avec un objectif vague à atteindre (ce serait « La main coupée » ou « La réunion ») ou est coincé à la merci des caprices extérieurs (comme cela arrive dans « Les appartements de papa » ou « Je suis seul et il fait nuit »).

Le protagoniste de « Dad’s Apartments » résume ce que ressentent les protagonistes des histoires de cette deuxième catégorie. À la page 87, il avoue que « le sens de ce travail et de ma vie ici m’échappe parfois, et si j’y pensais trop, je finirais par devenir fou ». En 1988, il estime qu’« il était le lanceur d’un sombre mystère ». Et en 89 que « j’avais entrepris une aventure absurde qui dépassait mon entendement ».

J’ai aimé la plupart des chansons. Même ceux qui faiblissent dans certains passages (par exemple, « The Severed Hand » manque de concentration) ont des aspects rachetables. Et les meilleurs, comme le « Cage » précité, l’inquiétant « Meeting » ou le cauchemardesque « Father’s Apartments », me semblent extrêmement réussis.

Anxiété C’est donc une anthologie recommandée. Même si l’univers littéraire de Molinard n’est pas aussi complexe et mémorable que celui de Franz Kafka, ni aussi créatif et plastique que celui de Leonora Carrington, il séduit les amateurs des deux auteurs. Cela m’a aussi rappelé certaines inventions de Mario Levrero, qui parlent positivement du niveau de Molinardi.

Oliver Langelier

Une peu plus sur moi, passionné par les nouvelles tek et l'actualité. Je tâcherai de retranscrire toutes mes découvertes. Oliver Langelier