VV.AA. : Tiré. 4 histoires modernistes
Langue originale des histoires : catalan
Année de publication du volume : L’année 2021
Évaluation: Bien
tir compile quatre récits modernistes de différents écrivains catalans. Dans chacun d’eux, les profondeurs les plus animales de l’âme humaine sont explorées. Bien que son style puisse aujourd’hui paraître quelque peu daté, élargi et redondant, son vocabulaire désuet ne prête pas à confusion et ses arguments n’érodent pas trop l’intérêt.
Dans La Bufetada (1884) de Narcís Oller, un boucher se sent menacé par son rôle de femme de ménage auprès de sa femme, une femme humble qui a réussi à créer une entreprise prospère. Je dois admettre que le rebondissement final de cette histoire, même s’il n’est pas particulièrement original, m’a surpris en évitant la direction la plus évidente.
Dans Dia de sentència (1906) de Raimon Casellas, une foule de personnes de tous horizons se rassemble pour assister à l’exécution d’un bandit. Le récit s’attaque aux instincts les plus bas de l’être humain avec un sarcasme qui n’est pas sans répugnance et contient, comme en passant, des critiques à l’égard de la foule sanguinaire ainsi que des autorités et de leur administration parfois arbitraire de la justice.
Dans Carnestoltes (1907) de Víctor Català, une marcheuse âgée et infirme ne se rend compte qu’elle est amoureuse de son fidèle serviteur que lorsqu’il est trop tard. La prose de cette histoire est de loin la plus raffinée. Il faut y ajouter deux autres vertus : le courage d’aborder la question du lesbiennesme en son temps sans le diaboliser ni l’adoucir au passage, ou la cruauté de son issue tragique.
Dans « L’afusellat » (?) de Marian Vayreda, un homme tente d’extraire l’histoire de son surnom auprès d’un guide qui l’accompagne lors d’un trajet en ferry d’Olot à Vic. J’aurais aimé que l’histoire mette davantage l’accent sur l’élément fantastique auquel elle fait à peine allusion. En tout cas, cela fonctionne indéniablement, notamment certaines descriptions frénétiques de son point culminant.
Pour résumer : tir C’est une anthologie recommandée aux amateurs du modernisme catalan ou aux curieux qui souhaitent la déguster dans un format abordable.
Je tiens également à remercier les illustrations de Cesc Pujol qui ornent ce volume édité lapis lazuli. Et j’aime la combinaison de leurs finitions détaillées avec celles plus sommaires, l’expressivité des personnages qui les composent, et surtout les angles et les compositions qu’ils choisissent. Séparément, je soulignerais les deux qui accompagnent l’histoire « Carnastoltes » comme une séquence graphique suggestive.