Livre du jour : Georges Bataille : Madame Edwarda
La langue originale: Français
Titre original: Mme Edwarda
Traduction: Salvador Elizondo
Année de parution: 1937
Évaluation: Rarito, curieux
Écoute, j’aime les livres étranges en général, ils m’attirent, et il y a quelques exemples sur ce blog, des choses écrites pour briser les moules, pour trouver des chemins inexplorés. Eh bien, je peux le confirmer Mme Edwarda Cela fait peut-être partie du top 10 des textes les plus étranges que j’ai jamais lu.
Mon exemplaire est un livre physique rare, acheté auprès d’un vendeur d’occasion (pas celui illustré, je précise). L’édition mexicaine de 1977 compte soixante et onze pages, dont trente-sept sont occupées par un prologue de Salvador Elizondo, toujours associé à ces mouvements, et une préface de Bataille lui-même, adressée à Pierre Angélique, pseudonyme qu’il utilisait pour éviter la polémique. . dans les premières éditions. Cela signifie qu’il ne reste que trente-quatre pages pour l’histoire, dont aucune n’est même à moitié pleine. Comme si cela ne suffisait pas, l’ex-libris de mon petit volume est de la main du peintre Vicente Roscubas, même s’il semble manquer les différentes gravures créées pour ce texte par nul autre que René Magritte.
Étrange également l’auteur Georges Bataille, dont la philosophie, selon Elizondo, est que l’exposition raisonnée est impossible, ce qui est quelque peu rassurant, même si l’écrivain mexicain s’efforce d’apporter quelques idées. Bataille fait partie de ces hommes du début du XXe siècle qui ont abordé les sujets les plus sensibles, ou plutôt les organes internes sans lésiner sur les raccourcis : le mysticisme, le sexe et la mort ne faisaient qu’un, et il semble même que lui. voulaient créer une sorte de secte dans laquelle ils allaient faire des sacrifices humains. La vérité est que ces trois domaines, bien qu’à un degré un peu plus civilisé, sont également liés à d’autres auteurs, du marquis de Sade à des personnes beaucoup plus modernes, mais étant donné le panorama, je ne pense pas que ce soit une question. essayer d’approfondir ce chemin.
Le texte lui-même avec ce fond Mme Edwarda Il n’est pas loin non plus en termes de rareté. Avec cette trentaine de pages, on pourrait parler d’une nouvelle, mais il s’agit plutôt d’un synopsis dont le narrateur lui-même doute de la continuité. La madame titulaire dirige une maison close et est racontée par son client, qui la choisit parmi les offres disponibles. Le type semble un peu déplacé au premier abord, même s’il est évident qu’il fréquente des établissements similaires. Après quelques scènes de sexe explicites plutôt louches, elle identifie Édouard avec Dieu, on ne sait pas s’il est mû par l’extase ou une sorte de matin, mais en tout cas cela semble tout à fait conforme à certaines des idées érotico-mystiques promulguées par l’auteur.
Si je continue un peu plus longtemps, je finirais par lire tout le contenu, car à part la scène finale un peu plus longue et également très tendue, il n’y a pas grand-chose d’autre sur lequel spéculer pendant un moment si nous n’avons rien de mieux à faire. . Bien sûr, il ne s’agit pas d’un récit ordinaire, mais d’une série d’éclairs, dont certains, peu nombreux, peuvent nous paraître du surréalisme, des idées à moitié articulées sur le plaisir et la douleur, et des images, tantôt suggestives, tantôt brutales, montrant que la température est élevée. toujours conservé à un point d’ébullition.
Je ne sais pas s’il s’agit d’un jeu ou d’une représentation plastique de la philosophie particulière de M. Bataille, et j’ai un doute, que j’espère qu’Oriol pourra m’éclaircir, si cela peut être considéré comme bizarre en termes littéraires. C’est étrange, c’est différent, ça peut faire rire voire frémir, c’est quelques minutes d’immersion dans l’univers d’un auteur que l’on peut parfaitement qualifier de badass, mais qui trouve aussi plus à lire. Mais attention, regardons l’avertissement initial, quelque chose qui pourrait être de la poésie, une menace ou une blague :
« Si vous avez peur de tout, lisez ce livre, mais écoutez-moi d’abord : si vous riez, c’est parce que vous avez peur. Il vous semble que le livre est une chose inerte. C’est possible. Et pourtant, comme souvent ça arrive, tu ne sais pas lire ? Tu as froid, tu sais à quel point tu es stupide ?
Des heures pourraient être passées à réfléchir, débattre et écrire beaucoup de choses sur ce que Bataille cache derrière les petites bêtises de ce petit livre, et il y en a probablement qui l’ont fait. Pour ma part, je me limite à reconnaître que cela existe et qu’il est bon de jeter un œil à des choses insolites de temps en temps.
Oh, et je viens de découvrir qu’il y avait un groupe japonais dans les années 80 qui jouait sous ce nom, Mme Edwarda, comme l’after-punk ou quelque chose de similaire, assez similaire.