18 mois de prison. De l’Annuel au Monte-Arruit 1921
Expression originale : espagnol
Année de parution : en 1923
Évaluation: Recommandé
Ce livre que nous vous présentons aujourd’hui est l’une des rares, sinon la seule, preuve directe du désastre annuel. Dans la guerre du Rif, conflit complètement oublié et marginalisé dans l’historiographie nationale, le désastre annuel était une défaite douloureuse (plus de 8 000 soldats sont morts) des forces espagnoles sous les « rebelles » du Rif menés par Abdelkrim, et représentait un changement. dans la stratégie que l’armée espagnole a utilisée jusqu’à présent dans la guerre, et un changement dans la compréhension qu’une partie du peuple et de la classe politique était leur ami Alphonse XIII.
Celui qui nous raconte le désastre est le colonel Eduardo Pérez Ortiz, témoin et narrateur de la défaite et de l’emprisonnement qu’il a subi avec des centaines de ses camarades. Curieusement, Pérez Ortiz était maire de Ceuta sous la Seconde République. Peut-être que l’homme était un peu nerveux, je ne sais pas.
Plus axé sur l’exposition générale des faits que sur leur interprétation ou évaluation personnelle, le texte de Pérez Ortiz présente un double visage : celui d’une chronique de guerre et d’une chronique de captivité.
Au moins au début, avec un style un peu raide et anachronique, dont l’auteur se démarque dans les pages suivantes, la chronique de guerre me semble quelque peu déroutante. Après cette confusion initiale, la limitation de Monte-Arruit élève le niveau du texte. Les traits littéraires commencent à apparaître sous forme de métaphores, les images deviennent plus réussies, ainsi que la surpopulation, la faim, les peurs, etc. Ce passage est un exemple, faisant référence aux deux avions qui leur apportent de l’aide et retournent à Melilla :
Là, ils se dirigent vers Melilla comme deux grues effrayées, et certainement pas à cause du danger qu’ils couraient, car ils ont toujours été intrépides, mais à cause de notre situation difficile.
À mon avis, la chronique du bull run est plus intéressante pour le lecteur. À certains aléas anthropologiques ou psychologiques s’ajoutent une plus grande plasticité du texte, une plus grande charge critique (toujours plus sourde qu’explicite) et une plus grande « implication émotionnelle ».
Enfin, à l’heure actuelle, le point de vue qu’avaient les « Maures » est frappant officiers ou soldats espagnols de 1920. Et pas tellement parce que ce point de vue a changé ou non (Koldo, tais-toi, ils t’appellent à la Cour suprême demain)mais depuis aujourd’hui Ce langage politiquement incorrect est surprenant selon nos standards. Ni Maghrébins, ni Maghrébins, ni Arabes, ni joueurs de cornemuse : MOROS. Ou directement des peuples indigènes, des brutes, des bêtes, des gorilles, des sauvages, etc. Et pour ne rien arranger, et à quelques exceptions près, des voleurs, des menteurs, des hypocrites et des cyniques.